Né en 1962 à Bruxelles. Vit et travaille à Poulseur (Belgique). www.galerielereverbere.com
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De Thomas Chable, on connaît surtout les photos d'Afrique, ses clichés où le temps du continent noir vient s'imprimer et dont on peut percevoir la langueur et la suspension, prises délicatement dans des images qui ne sont jamais voraces, ni exotiques, mais qui rendent compte plutôt de la disponibilité fraternelle du photographe, opérante jusque dans des projets a priori plus politique (Les Brûleurs, un reportage au long cours achevé en 2001, sur ces hommes qui traversent les déserts pour tenter de passer en Europe, laissant derrière eux toutes leurs attaches affectives et identitaires).
Cette même disponibilité, on la retrouve dans un ensemble de photographies « privées » que Thomas Chable a triées, sélectionnées, revues et disposées les unes par rapport aux autres, pour finalement présenter, à l'occasion de BIP2012, un aspect inédit de son travail, rayonnant à travers les cercles concentriques d'un couple, d'une famille, d'un réseau d'amis proches, d'une fratrie lointaine,... Et de se rendre compte que Thomas Chable photographie ses proches comme il photographie l'Afrique, et vice-versa : avec sobriété et élan, en observateur ému. Comment put-il en être autrement, se dit-on ? Pas si simple, pourtant...
Le projet a mûri durant presque une année. C'est une autre confrontation que celle du voyage : brasser des images qui a priori n'étaient pas destinées à être présentées, qui ne s'inscrivaient dans rien d'autre que le jour après jour, les occasions de se retrouver, les petits moments où quelque chose vaut la peine d'être photographié sans que l'on sache très bien pourquoi. Pourtant, la familiarité ne trompe pas l'œil dans cette série : on retrouve l'équilibre, le sens de la composition, ce halo caractéristique de retenue et de générosité qui caractérise le travail en général de Thomas Chable. A la fois même et autre, cette nouvelle série montre néanmoins un temps différent de celui de l'Afrique, un temps amical, amoureux et filial, long de plusieurs années, un hommage complice et complexe qui fait la part belle au moment, bien plus qu'à l'événement, jusque dans les paysages silencieux qui se gorgent d'humanité tout en exsudant une douce mélancolie.
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