© Alexandra Arenes

© Alexandra Arènes

Alexandra Arènes

Alexandra Arènes (1984, Sète) vit et travaille dans la région parisienne. Architecte et chercheuse (University of Manchester), elle cofonde SOC (www.s-o-c.fr) en 2016, un studio de recherche et de production où les enquêtes, ateliers publics, et création d’outils visuels, sont générateurs de descriptions alternatives des territoires. Le studio a réalisé l’installation ‘CZO space’ en étroite collaboration avec la communauté scientifique de la Zone Critique, au ZKM (Museum for Art and Media à Karlsruhe) pour l’exposition Critical Zones. Observatories for Earthly Politics (2020). Elle a également contribué à des expériences de théâtre-recherche (INSIDE, Back to Earth, Où atterrir ?), et a co-écrit le livre Terra Forma, Manuel de Cartographies Potentielles (B42, 2019).

 

La Cartogenèse du Territoire de Belval (2016) a été exposée au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris en 2017 dans une exposition collective Animer le paysage, sur la piste des vivants, et dans une installation coproduite avec Sonia Levy, ‘Belval Kakosmos.’ Commande du Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, 2015-2016. Projet réalisé dans le cadre du master SPEAP à SciencesPo. Enquête réalisée avec Sonia Levy.

La cartogenèse propose un référentiel et un langage de signes ou de notations afin de présenter non pas un territoire administratif où prévalent les frontières et les bordures du paysage, mais à l’inverse le territoire mouvant et quelquefois imprédictible des vivants. Une enquête ‘etho-ethnographique’ de six mois dans le territoire a permis l’enregistrement des interactions entre les humains et les non-humains occupant cette portion de la forêt des Ardennes. L’analyse des interviews et l’observation des pratiques de plusieurs acteurs clés ont révélé des parcours de vie qui se mêlent à ceux d’autres vivants non-humains, composant des trajectoires croisées qui sont retracées dans la carte : le garde forestier, les sangliers, les renards, les scientifiques étudiant les animaux forestiers, les martes, les GPS, le créateur du journal La Hulotte, les graines de cardère, les chouettes, les abeilles et l’apiculteur, les corbeaux, les chasseurs, le réseau hydraulique, les oiseaux migrateurs, l’ornithologue, les frères éleveurs, les vers de bois, les blaireaux, les chauve-souris, les pic-vert, les chevreuils, les chiens de chasse, ….

Détail d’une trajectoire croisée, référence sur la carte G2-3 ; F2-3 : 

La signature-trajectoire de l’éco-éthologue est combinée à celle de la marte (petit animal de la taille d’un chat) car toutes deux présentent des similitudes / même motif territorial labyrinthique pour trouver leur subsistance. Le chercheur doit trouver des financements conditionnés par de longues chaînes de décision institutionnelles afin d’étudier le petit animal (dont certains mènent à des impasses) ; et la marte, pour qui trouver de la nourriture consiste à longer les haies qui délimitent des parcelles agricoles qui disparaissent à cause des remembrements (la martre est un animal qui se déplace exclusivement à couvert – sans les haies autour des champs agricoles, elle est menacée). Un jeu d’alliance est ainsi à trouver entre l’agriculteur afin qu’il conserve les haies autour de ses champs, l’éco-éthologue pour qui la présence de la martre est une condition de travail, et la martre qui est le véritable médiateur de ces relations entre humains.

Site web de l’enquête : https://arduennasilva.tumblr.com

Article sur l’enquête : 2017 – “Tracer les vivants, Cartogenèse du territoire de Belval”. In Sur la Piste Animale, Billebaude n°10. 88-93.