Bertrand Cavalier explore les interactions entre l’homme et son environnement. Exploitant la capacité de la photographie à pénétrer le tissu qui lie les individus entre eux et les intègre dans leur environnement, il crée des tableaux poétiques de moments singuliers, plutôt que des documents objectifs de phénomènes sociaux. Les images de Cavalier révèlent la manière dont l’ordre sociopolitique agit sur la vie quotidienne à travers l’architecture et le paysage urbain. Par cette même démarche, il s’intéresse au processus par lequel les gens restructurent l’espace dans lequel ils naviguent et se l’approprient. Ainsi, sa photographie témoigne des aspects de la vie quotidienne qui transforme de manière créative l’idéologie dominante et, ce faisant, lui résistent.

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Le XXe siècle a vu de nombreuses vieilles villes européennes criblées de balles et réduites en ruines par les bombes. Dans le cas de Belfast et de Sarajevo, les blessures causées par les conflits armés et la guerre restent récentes. Des ruptures traumatisantes du tissu urbain des villes rasées pendant la Seconde Guerre mondiale se font encore sentir aujourd’hui, par exemple entre les styles architecturaux d’avant-guerre au sein de villes qui avaient connu une croissance lente et organique au fil du temps, d’une part, et l’urbanisme moderniste d’après-guerre et la reconstruction hâtive des centres-villes, d’autre part.

Bertrand Cavalier, qui ressentait une forte séparation sociale entre les quartiers de logements bon marché et les parties plus anciennes de sa ville natale de Montpellier (France), s’est demandé dans quelle mesure l’environnement bâti exerce une influence sur la vie de ses habitants et leur vision de l’avenir. À partir de Cologne, il a photographié des villes comme Berlin, Londres, Le Havre, Rotterdam, Budapest, Varsovie, Belfast, Mostar et Sarajevo. Mais si Cavalier s’est d’abord concentré sur des bâtiments et des quartiers bruts et fonctionnels, il a ensuite dressé le portrait des personnes qui y vivent et qui témoignent d’une ville à l’âme différente – et peut-être plus intense – qu’il n’y paraît à la vue de simples assemblages de matériaux de construction. Cavalier montre qu’ils ont un caractère à la fois vulnérable et reflétant l’obstination des bâtiments apparemment indestructibles dans lesquels et parmi lesquels ils vivent.

Le fait que le béton ne brûle pas peut créer une impression de sécurité, mais cela pourrait aussi signifier que cet héritage de l’après-guerre est là pour durer encore longtemps.

Taco Hidde Bakker

Une exposition proposée par l’Ecole Supérieure des Arts de la Ville de Liège – Académie Royale des Beaux-Arts (ESAVL/ARBA). Sous le patronage de monsieur Pierre Stassart, échevin de l’Instruction publique de la Ville de Liège.