Depuis les années 90, dans ses séries photographiques, Simon Norfolk examine la guerre et le "sublime militaire" ainsi que leurs conséquences. Ses travaux, qui reposent sur des recherches et investigations minutieuses, sont régulièrement publiés dans le New York Magazine ou le Guardian Weekend. Au moyen d'images "neutres", des constats dénués de toute expression dramatique, il interroge le fonctionnement paradoxal de ces conflits contemporains menés en même temps avec, d'une part, des superordinateurs ou des satellites et, d'autre part, des armes voire de l'équipement démodé, des gens sur le terrain, des communications interceptées, des média manipulés et manipulateurs.
La série ici exposée présente des images des plus grands superordinateurs existants actuellement. Ces machines superpuissantes gèrent les connections internet, décodent le génome humain, calculent les phénomènes physiques qui se produisent à l'intérieur d'une ogive nucléaire lorsqu'elle explose... Ces matérialisations de la technologie Frankenstein s'avèrent tout aussi fascinantes qu'effrayantes. Nouvelles divinités, omniscientes et omniprésentes, elles ne sont pas conçues pour posséder les potentialités d'un comportement humain. Comme le précise HAL, le puissant ordinateur du vaisseau spatial Discovery One dans "2001 : L'Odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick (1968), "I'm sorry, Dave, I'm afraid I can't do that", et d'entraîner tout l'équipage dans un scénario imprévisible.