Des premiers tests sur le site de Trinity au Nouveau-Mexique, jusqu’aux essais des années 50 et 60 dans le Nevada et l’Océan Pacifique, en passant par les deux explosions d’Hiroshima et de Nagasaki, la Galerie Daniel Blau a rassemblé des images d’époque soigneusement sélectionnées pour leur rareté, leur état de conservation et leur format, qu’il s’agisse de tirages de presse, de l’administration militaire, ou destinés à la recherche.
La bombe atomique porte en elle une bonne part de ce qui fait que l’homme est homme. L’intelligence, la cruauté, la prudence, la démesure, la folie, l’ambition, le rêve, le pouvoir et même... la beauté. A se demander si ce n’est pas le mélange de toutes ces valeurs qui déclenche l’explosion, formant ce souffle sans égal, cet immense nuage en forme de champignon. Car alors que l’histoire et les conséquences de ce prodige ne devraient nous faire ressentir qu’effroi et dégoût à sa vue, on se prend à y trouver de la beauté, une beauté particulière, unique, étrange, étrangère à la bonté. L’homme a cela de proprement étonnant qu’il est capable de voir la beauté au sein même de la destruction. La puissance des explosions atomiques, esthétique autant que dévastatrice, suscite la fascination, qui ne se confond aucunement avec l’admiration. Les mots simplement manquent pour décrire ce qui nous dépasse, ce qui se passe lorsque nous disputons sa place à Dieu.
Manuel Benguigui, Galerie Daniel Blau, München.