© Bruno Serralongue

Bruno Serralongue

Bruno Serralongue (né en 1968 à Chatellerault, France. Vit et travaille à Paris) développe depuis le début des années 1990 une œuvre qui interroge et révèle les conditions de production, de diffusion et de circulation de l’image médiatique. S’il n’est pas reporter photographe au sens strict du terme – il ne travaille pour aucun média – Bruno Serralongue n’en photographie pas moins l’actualité et les grands événements qui la composent. À rebours du traitement spectaculaire des médias mainstream, son

approche artistique de l’image documentaire privilégie les hors-champs, le temps long et les mouvements collectifs.

Dans le Cabinet de curiosités économiques, Bruno Serralongue présente un compte rendu photographique de la sortie des Naturalistes en lutte sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes le 8 mai 2016. Ses images documentent la recherche de nouvelles stations de flûteaux nageant et le suivi floristique de la mare 107 rouverte en 2015, 2016.

Si l’aéroport prévu sur la commune de Notre-Dame-des-Landes avait été construit il se serait implanté sur 1 426 hectares de bocage et de zones humides miraculeusement préservés et aurait entraîné la destruction de très nombreuses espèces animales et végétales protégées.

Les promoteurs du projet d’aéroport étaient conscients de l’intérêt écologique du site de Notre-Dame-des-Landes (le bureau d’étude Biotope a été mandaté par les porteurs du projet afin de réaliser un inventaire.

Le rapport final a montré l’intérêt du site pour les batraciens et les oiseaux et recense 74 espèces protégées par le droit français). Cependant, l’ensemble de leur argumentation reposait sur le fait qu’ils seraient capables de compenser l’énorme perte de biodiversité engendrée par le projet. Les associations de protection de la nature pensaient quant à elles que la perte de biodiversité sur le site ne pourrait en aucun cas être compensée.

Face à ce risque, un groupe de naturalistes professionnels et amateurs a décidé de se regrouper afin de réaliser à une contre-expertise en procédant à l’inventaire systématique des habitats naturels, de la flore et la faune présents sur la lande, les résultats ainsi obtenus servant à alimenter les dossiers juridiques déposés par les associations de protection de la nature auprès des tribunaux. Après 3 années d’inventaires (2013 – 2015), le résultat obtenu par les Naturalistes en lutte est sans appel : plus de 2 000 espèces ont été inventoriées, 130 espèces protégées recensées (et non 74), 5 espèces inconnues en France découvertes et des dizaines inconnues dans le département de Loire Atlantique. Au-delà des chiffres qui confortent l’intérêt écologique du site, c’est la méthode qui convient d’être remarquée. Les sorties organisées par les Naturalistes en lutte les deuxièmes dimanches de chaque mois étaient ouvertes à tous. Venait qui voulait avec son savoir et ses compétences et les mettaient en commun, les partageaient. On venait pour apprendre et pour participer à la lutte contre l’aéroport. Car c’est bien le travail collectif mené par les naturalistes bénévoles qui a bloqué les travaux.