© Katrin Ströbel - becoming sculpture / explosion

© Katrin Ströbel - becoming sculpture / fille musclée

© Katrin Ströbel - becoming sculpture / lächeln

Katrin Ströbel

Katrin Ströbel (* 1975) vit et travaille à Marseille (FR), Stuttgart (DE) et Rabat (MA). Ses dessins, œuvres in situ et installations sont basés sur un questionnement critique des conditions sociales et géopolitiques qui définissent notre quotidien.

Avec une perspective critique et ironique, l’artiste déconstruit les relations de genre et les stéréotypes féminins dans ses dessins et collages. Depuis 2004, l’artiste a travaillé régulièrement au Maroc, au Nigeria, au Sénégal, en Afrique du Sud, au Pérou, en Australie et aux ÉtatsUnis. Katrin Ströbel a fait des études d’arts plastiques et de littérature. Elle est docteure en histoire de l’art. Elle est mère. Depuis 2013, elle est professeure à la Villa Arson, École nationale supérieure d’art de Nice, France.

(Tirée catalogue Making love to unknown cities, avec textes de Julie Crenn, Iris Dressler, Sophie Orlando et Dorit Schäfer, DISTANZ, Berlin, 2020)

 

katrin-stroebel.de

« Be like a Mangrove she said »

 

Explorant la complexité des différentes strates constitutives d’un territoire, Katrin Ströbel propose une relecture intersectionnelle et critique de nos
environnements quotidiens.

Son oeuvre prend racine dans les théories queer, féministes et postcolonialistes, et révèle les systèmes de domination des corps dans leur relation à l’espace urbain. Elle entre-mêle photographies, performances et installation in-situ, mais c’est avant tout le dessin qui est à l’origine de ses projets : à la fois acte de création intime et solitaire et outil de recherche et de réflexion, le geste graphique lui permet d’éprouver une incarnation physique de ses sujets. Le détournement d’archives photographiques, les jeux d’invertions des rapports de forces et leur recontextualisation souligne la subjectivité permanente de nos perception. La norme familière dévoile alors ses mécanismes de contrôle.

 

« Devenir sculpture. Défaire la sculpture.

Il fut un temps où les gens étaient censés devenir des sculptures. Les corps ne bougeaient pas, les mains ne se touchaient pas, les peaux ne se rencontraient pas. Les épines sont devenues raides, les cœurs sont devenus lourds. La plupart des gens n’étaient pas très bons pour être des sculptures. Les oiseaux en riaient. Les rats riaient aussi.

Pourtant, si vous regardiez de plus près, vous découvririez de minuscules fissures sur les peaux croûtées, vous découvririez des lignes magmatiques d’amour, de rage, de solitude, de colère, d’empathie, de souffrance, de frustration, de solidarité, de peur, de résistance. Vous verriez les minuscules rivières de lave dans les fenêtres sombres de vos voisins la nuit.

L’éruption effusive d’une femme qui pleure dans la rue. On pouvait le sentir flotter à travers les corps tout en faisant la queue devant un supermarché. Presque invisible. Un doigt nerveux sur votre main droite. Une paupière nerveuse. Un esprit nerveux »

 

Katrin Ströbel, 2020