© Sean HART - Parce que ! Sculpture en bois peinte - ®2013

© Sean HART - Parce que ! Sculpture en bois peinte - ®2013

Sean Hart

Sean Hart (né en 1981, vit et travaille à Paris) se montre curieux des aspects visuels de l’espace urbain dès ses 16 ans, quand il commence à photographier, dans sa ville natale de Saint-Etienne, les graffitis qui fleurissent dans les squats, les friches industrielles ou les terrains vagues de la ville. Cet intérêt pour le tissu urbain ne l’abandonnera jamais, malgré des projets très diversifiés menés en France et à l’étranger après ses études à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg.

 

On remarque ainsi que, quel que soit le travail dans lequel il s’engage, Sean Hart s’est rarement cantonné à une pratique institutionnelle ou muséale pour préférer des entreprises axées sur le lien avec des communautés diverses (enfants, groupe de musique, troupe de théâtre, etc.), sur l’édition ou la mise en oeuvre de projet en lien avec l’urbain (il a notamment collaboré à la mise en place de plusieurs expositions de JR, ce photographe français connu pour ses gigantesques photos noir et blanc placardés dans les métropoles).

 

Très efficaces dans leur graphisme rudimentaire (grandes lettres majuscules blanches imprimées sur fond noir); interpellantes dans leur contenu politique et poétique (parmi les nombreuses phrases du projet, citons par exemple «La sécurité est un danger», «Frauder l’ennui», «La vie est souple», «L’argent est pauvre»,… qui  chacune opère comme une secousse électrique existentielle pour les lecteurs surpris par ce genre de message dans un environnement plutôt habité par le pousse à la consommation); ambitieuses dans leur taille, leur forme, leur placement et leur nombre, les phrases de Sean Hart sont comme des piqûres.

 

Hart dit vouloir «animer l’inanimé» ou encore «construire des histoires à partir de l’insignifiant». Effectivement, quand on prend connaissance du projet «Ne pas jeter sur la voie publique», on est amené à s’interroger intimement sur la place qu’on occupe dans le «système» et sur notre (in)capacité à maintenir vivace le lien social, le dialogue avec autrui, la rupture de l’anonymat. L’ébranlement causé par les interpellations de l’artiste est une invitation à sortir du cadre que l’on s’assigne automatiquement et/ou que les autorités et la peur nous assignent pour retrouver une forme de fibre anarchiste minimale que Hart semble convaincu de trouver chez chacun d’entre nous, juste en optant pour des actes simples mais déjà courageux : «Lever les paupières», par exemple (mais bien d’autres encore inventées par Hart peuvent être mis en pratique).

 

 

seanhart.org